Ile_flottante

C'est plus qu'un vaisseau, c'est une ville flottante, un morceau de comté, détaché du sol anglais, qui, après avoir traversé la mer, va se souder au sol américain.


Enfant, Jules Verne habitait dans l'île Feydeau. On raconte que le petit Jules avait parfois l'impression que l'île se détachait de la terre ferme, et dérivait au large. Cette histoire est peut-être une légende, mais il reste que le thème de l'île flottante revient plusieurs fois dans les Voyages Extraordinaires.

En 1867, Jules Verne et son frére Paul, font un voyage en Amérique du Nord dont Jules Verne s'inspirera directement pour écrire Une Ville Flottante. Ce qui intéresse Jules, c'est moins l'Amérique que le bateau qu'il emprunte. Je comptais visiter le North-Amérique, mais accessoirement. Le Great-Eastern d'abord. Le pays célébré par Cooper ensuite. En effet ce steam-ship est un chef d'oeuvre de construction navale. C'est plus qu'un vaisseau, c'est une ville flottante, un morceau de comté, détaché du sol anglais, qui, après avoir traversé la mer, va se souder au sol américain.

Dans Le Pays des Fourrures, une groupe d'explorateurs a bâti un fort près de Cap Bathurst. Mais à la suite d'un tremblement de terre, cette pièce de terre, qui n'est en réalité qu'un glaçon géant, est arrachée du continent. La seconde partie du roman raconte le voyage sur cette île flottante, qui fond continuellement. Bien que la situation soit menaçante, un des personnages, Mrs Paulina Barnett, voit les avantages d'un pareil voyage:
En effet, monsieur Hobson, est-il un mode de locomotion plus agréable que le nôtre ? Nous ne nous sentons pas aller. Notre île a précisément la même vitesse que celle du courant qui l'emporte. N'est-ce pas le même phénomène que celui qui accompagne un ballon dans l'air ? Puis, quel charme ce serait de voyager ainsi avec sa maison, son jardin, son parc, son pays lui-même. Une île errante, mais j'entends une véritable île, avec une base solide, insubmersible, ce serait véritablement le plus confortable et le plus merveilleux véhicule que l'on pût imaginer. [...] J'imagine même qu'avec d'habiles pilotes, bien instruits des courants, on saurait se maintenir sous des latitudes choisies et jouir à son gré d'un printemps éternel !

Une autre île flottante est décrite dans un roman qui se situe dans un climat plus chaud que les mers polaires : c'est la Jangada. La Jangada est un radeau géant, construit en bois par le fazender Joam Garral. Chaque année, Garral fait un train de bois, une jangada, qui va descendre l'Amazone. Mais la jangada de ce roman va prendre des proportions inusitées:
Il s'agissait, cette fois, d'abattre un demi-mille carré de forêt, d'en former un énorme train, auquel on donnerait les dimensions d'un îlot. Ce serait, en vérité, comme une partie de la fazenda qui se détacherait de la rive et descendrait l'Amazone, avec tout ce qui constitue une famille de fazenders, maîtres et serviteurs, dans leurs habitations, dans leurs carbets, dans leurs cases.

Plus tard, un tel îlot ne suffira plus à Jules Verne:
De ces villages flottants, il en existe en Chine sur le fleuve Yang-tsé- kiang, au Brésil sur le fleuve des Amazones, en Europe sur le Danube. Mais ce ne sont que des constructions éphémères, quelques maisonnettes établies à la surface de longs trains de bois. Arrivé à la destination, le train se disloque, les maisonnettes se démontent, le village a vécu.

C'est ce qu'écrit Jules Verne dans L'Ile à hélice. Il retourne au projet qu'il a déjà fait décrire à Mrs Paulina Barnett : une île artificielle, une île flottante, construite uniquement pour le plaisir de ses habitants. L'île qui traverse l'Océan Pacifique dans ce roman, c'est Standard Island, conçue par des excentriques millionnaires. Standard Island offre tout le luxe que l'on peut souhaiter. Elle est composée de 270.000 caissons en acier, et sa superficie n'est pas moins que 27 kilomètres carrés !

Une île artificielle, c'est une idée qui n'a rien d'extraordinaire en soi. Avec des masses suffisantes de matériaux immergés dans un fleuve, un lac, une mer, il n'est pas hors du pouvoir des hommes de la fabriquer. Or, cela n'eût pas suffi. Eu égard à sa destination, aux exigences qu'elle devait satisfaire, il fallait que cette île pût se déplacer et, conséquemment, qu'elle fût flottante. Standard Island voyage entre le 35e parallèlle du nord et celui du sud, donc ses habitants ne connaissent pas l'hiver. On visite les divers archipels dans l'Océan Pacifique à son aise. L'île est pourvu de toutes sortes de moyens techniques, pour faire de l'eau fraîche, de la lumière électrique, etc. Cette île est enfin une société autonome, avec toute la liberté d'aller partout où l'on veut.

(Merci à Garmt de Vries pour cette page)


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