Energie
n. f. (v. 1500. Bas lat. energia, gr. energeia
"force en action"). 1. Pouvoir, efficacité (d'un agent quelconque).
Pour Zéphyrin Xirdal, la matière n'est qu'une apparence; elle
n'a pas d'existence réelle. Il prétend le prouver par l'incapacité où l'on est
d'imaginer sa constitution intime. Qu'on la décompose en molécules, atomes, particules,
il restera toujours une dernière fraction pour laquelle le problème se reposera
intégralement, et ce sera éternellement à recommencer,jusqu'au moment où l'on admettra
un principe premier qui ne sera pas de la matière. Ce premier principe immatériel, c'est
l'énergie.
Qu'est-ce que l'énergie? Zéphyrin Xirdal confesse n'en rien savoir. L'homme n'étant en
relation avec le monde extérieur que par ses sens, et les sens de l'homme étant
exclusivement sensibles aux excitations d'ordre matériel, tout ce qui n'est pas matière
reste ignoré de lui. S'il peut, par un effort de la raison pure, admettre l'existence
d'un monde immatériel, il est dans l'impossibilité d'en concevoir la nature, faute de
termes de comparaison. Et il en sera ainsi tant que l'humanité n'aura pas acquis de sens
nouveaux, ce qui n'est pas absurde à priori. Quoi qu'il en soit à cet égard,
l'énergie, d'après Zéphyrin Xirdal, remplit l'univers et oscille éternellement entre
deux limites : l'équilibre absolu, qui ne pourrait être obtenu que par sa répartition
uniforme dans l'espace, et la concentration absolue en un seul point, qu'entourerait dans
ce cas un vide parfait. L'espace étant infini, ces deux limites sont également
inaccessibles. Il en résulte que l'énergie immanente est dans un état de perpétuel
cinématisme. Les corps matériels absorbant sans cesse l'énergie, et cette concentration
provoquant forcément ailleurs un néant relatif, la matière rayonne, d'autre part, dans
l'espace l'énergie qu'elle retient prisonnière.
Donc, en opposition avec l'axiome classique Rien ne se perd, rien ne se crée, Zéphyrin
Xirdal proclame que Tout se perd et tout se crée. La substance, éternellement détruite,
se recompose éternellement. Chacun de ses changements d'état s'accompagne d'un
rayonnement d'énergie et d'une destruction de substance correspondante.
Si cette destruction ne peut être constatée par nos instruments, c' est qu'ils sont trop
imparfaits, une énorme quantité d'énergie étant enclose dans une parcelle
impondérable de matière, ce qui explique, pour Zéphyrin Xirdal, que les astres soient
séparés par des distances prodigieuses comparativement à leur médiocre grandeur.
Cette destruction non constatée n'en existe pas moins. Son, chaleur, électricité,
lumière en sont la preuve indirecte. Ces phénomènes sont de la matière rayonnée, et
par eux se manifeste l'énergie libérée, quoique sous une forme encore grossière et
semi-matérielle. L'énergie pure, sublimée en quelque sorte, ne peut exister qu'
au-delà des confins des mondes matériels. Elle enveloppe ces mondes d'une dynamo-sphère
dans un état de tension directement proportionnelle à leur masse et d'autant moindre que
l'on s'éloigne de leur surface. La manifestation de cette énergie et de sa tendance à
une condensation toujours plus grande, c'est l'attraction.
Telle est la théorie que Zéphyrin Xirdal exposa à M. Lecoeur un peu ahuri.
Reconnaissons qu'on le serait à moins.
Voir
Electricité -
Eternel -
Volonté -
Volcan -
???
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