Anticipation

n. f. (Littérature d'anticipation); dont le fantastique est emprunté aux réalités supposées de l'avenir. V. Science-fiction.


Verne est souvent considéré comme un auteur d'anticipation ou de science-fiction. Effectivement quelques oeuvres de l'auteur peuvent être considérées comme des romans d'anticipation. Par exemple l'étrange Paris au XXe sciécle dont le manuscrit est resté inédit pendant 130 ans. Pourtant, l'anticipation est un théme minoritaire dans l'ensemble de son oeuvre. Et quand l'anticipation est là, elle est souvent timide. Beaucoup de lecteurs de s.f. aime peu Verne trouvant son imagination trop étroite et d'une certaine façon ils ont raison. A partir d'un matériel simple, il est capable de fabriquer des histoires extraordinaire, là où ou la plupart des auteurs de s.f. ont besoins d'un support extraordinaire pour écrire des histoires médiocres. Mais écoutons plutôt  Jules Verne lui-même, vers la fin de sa vie, comparant son oeuvre avec celle de HG Wells dans un entretien accordé à un journaliste anglais :

« Il existe un auteur dont l'oeuvre m'a toujours immensément plu du point de vue de l'imagination, et dont j'ai suivi les livres avec un intérêt considérable. Je parle de Mr H. G.Wells. Quelques-uns de mes amis ont suggéré que son travail suit des lignes assez similaires au mien, mais ici, me semble-t-il, ils font erreur. Je le considère, en tant qu'écrivain de pure imagination,mériter une louange très forte, mais nos méthodes sont complètement différentes. J'ai toujours cherché à fonder mes prétendues inventions sur une couche de faits véritables, et à employer dans la construction de mes romans des méthodes et du matériel qui ne dépassent pas entièrement la limite des possibilités et des connaissances contemporaines.

   « Prenez, par exemple, le cas du Nautilus. Tout compte fait, c'est un mécanisme sous-marin n'ayant rien de complètement extraordinaire ni d'au-delà des limites de la véritable connaissance scientifique. Il monte et descend par des processus parfaitement faisables et familiers ; les détails de sa direction et de sa propulsion sont parfaitement rationnels et compréhensibles. Même sa force motrice ne renferme aucun secret : le seul point où j'ai fait appel à l'imagination est dans l'application de   cette force, où j'ai laissé délibérément un blanc pour que le lecteur puisse tirer ses propres conclusions : un simple hiatus technique, pour ainsi dire, que tout esprit formé et totalement pratique pourrait remplir.

   « Les créations de Mr Wells, en revanche, appartiennent indiscutablement à un âge et à un niveau de connaissances scientifiques très éloignés du présent, même si je ne dis pas au-delà deslimites du possible. Il fait évoluer non seulement ses constructions complètement à partir du domaine de l'imagination, mais également les matériels avec lesquels il les fabrique. Voyez, par exemple, son histoire Les Premiers hommes dans la lune. Vous vous rappellerez qu'il nous y présente une substance d'anti-gravité totalement nouvelle, mais nous ne recevons point la moindre idée concernant son moyen de préparation ni sa véritable composition chimique. Et nous ne pouvons, non plus, prévoir une méthode par laquelle un tel résultat pourrait être atteint, en nous référant aux connaissances scientifiques actuelles. Dans La Guerre des mondes également, oeuvre pour laquelle je confesse une grande admiration, on ignore entièrement le genre de créatures que peuvent être les Martiens, et la manière de produire le merveilleux rayon à chaleur qu'ils utilisent pour faire tant de dégâts à leurs agresseurs.
  
« Attention, continua M. Verne, en ce disant, je n'indique aucune réserve quant aux méthodes de Mr Wells : au contraire,j'ai le plus grand respect pour son génie créateur. Je ne fais que contraster nos styles respectifs pour noter la différence fondamentale qui y existe, et je veux que ce soit clairement compris que je n'exprime aucune opinion quant à une supériorité prétendue de l'un ou de l'autre. Mais maintenant, ajouta-t-il en se levant, je crains bien que je commence à vous fatiguer. Le temps passe si vite en conversation, et voyez-vous, nous parlons déjà depuis plus d'une heure. »

Interviews de JulesVerne par Gordon jones. Parue dans Temple Bar (Londres), Nº 129, juin 1904
Taduction par W.Butcher. texte complet sur http://www.math.technion.ac.il/~rl/JulesVerne/butcher/jones.html

Le trait le plus constant et le plus remarquable de Verne n'est pas d'être un auteur, entre autres, de science-fiction avant la lettre : il est dans sa science de la fiction, et du verbe. (François Raymond)


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